Où finit la légende ? Où commence l'histoire ?
Les poètes d'antan ne le savaient eux-mêmes,
Eux qui dans un passé lointain puisaient leurs thèmes,
Eux qui étaient d'Erin la vivante mémoire.
Leurs récits merveilleux palpitaient de la gloire
Auréolant les héros à la force extrême,
De la passion qui brûlait au degré suprême
Fées, princesses, guerriers aux multiples victoires.
Les bardes évoquaient ces contrées merveilleuses
Où des femmes-oiseaux d'une beauté radieuse
Promettaient aux mortels un bienheureux séjour...
Où des fruits d'or croissaient sur des branches d'argent,
Où l'on voyait comblés ses voeux les plus urgents,
Où le temps suspendait sa course pour toujours.
Les poètes d'antan méprisaient l'écriture
Qui n'était que des mots figés, des lettres mortes.
Ils gravaient leur science en leur coeur; de la sorte,
Elle était pour chacun vivante nourriture.
Ils connaissaient tous les secrets de la nature,
Imposaient leur autorité d'une voix forte;
Comblés de dons, suivis d'une royale escorte,
Ils ouvraient le passage aux pays d'aventure.
Ils pouvaient d'un seul mot louer ou bien maudire,
L'avare et le poltron redoutaient leurs satires,
Le roi ne parlait pas sans leur consentement.
Ils ne sont plus... mais demeurent leurs épopées,
Résonnant encore du fracas des épées,
Des mélodies des fées, des soupirs des amants.