Quel est ce cri bizarre entendu près du pont ?
Cri rauque et discordant déchirant les oreilles,
Jaillis-tu du gosier de la sombre corneille ?
Ou d'un freux effrayé cherchant à faire front ?
Ce chant sinistre siérait bien à l'oiseau noir.
Tournons le coin du pont, et scrutons le feuillage
De ce bosquet jauni d'où provient le tapage.
L'automne a dégarni les rameaux. L'on peut voir...
Tache beige, éclair bleu... Ce n'est pas un corbeau !
Tête rayée, gorge chamois... ailes ornées
D'un trait d'azur... des geais des chênes déchaînés !
Ils criaillent, se chamaillent... Mais qu'ils sont beaux !
Tellement occupés par leur prise de bec
Qu'ils n'ont pas remarqué les yeux du photographe.
L'occasion est trop belle, il faut que je l'agrafe
A mon tableau de chasse en trois clics aussi sec.
Le ramage s'est tu. Les oiseaux apaisés
Cherchent pitance au milieu des tendres branchettes.
Mon ami, voudrais-tu vers moi tourner la tête ?
Merci, beau geai. Te voilà immortalisé !
A qui sait déchiffrer son livre, la nature
Prodigue ses trésors au détour d'un sentier.
Tant de splendeur laisse le coeur émerveillé :
Gloire à Celui qui fit si belles créatures !